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Qui sont les acteurs ?

Le débat autour du cannabis est toujours passionnel et de nombreux acteurs de divers horizons affichent des positions controversées.


En France, la lutte contre la toxicomanie et l’usage illicite de produits stupéfiants se sont longtemps appuyés sur la loi n°70-1320 du 31 décembre 1970. Cette loi spécifiait que l’usage de stupéfiants et notamment de cannabis était puni d’un an d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende. Ce texte de référence a été abrogé en juin 2000 suite à la refonte du Code de la santé publique.

Depuis mars 2019, les sanctions ont été assouplies et une amende forfaitaire de 200 euros est appliquée pour usage illicite de cannabis.

Des politiques comme Gérald Darmanin, actuel Ministre de l’Intérieur, affiche une intransigeance concernant la dépénalisation et la légalisation du cannabis. « La loi de la République, c’est l’interdiction des drogues » proclame Gérald Darmanin. Les partis d’extrême droite comme le Rassemblement National (RN) s’opposent fermement à toutes mesures de dépénalisation.

L’actuel garde de Sceaux est également contre la dépénalisation et la légalisation du cannabis. « Je pense que cela ne fera que déplacer la délinquance vers d’autres drogues comme la cocaïne et l’héroïne » a déclaré Éric Dupond Moretti. Il souligne également les effets délétères sur la santé mentale et psychique.

Dans le domaine de la justice, Etienne Apaire, ancien inspecteur général de la Justice et ancien président de la mission interministérielle contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), affirme que la légalisation des drogues est une fausse bonne idée. En effet, organiser le commerce des stupéfiants ne limitera pas le nombre d’usagers, au contraire, et potentialiserait les problèmes sanitaires et sociaux qui en découlent.

Des scientifiques tels que Jean Costentin membre des Académies Nationales de Médecine et de Pharmacie, dirigeant d’une unité de recherche de neuropsychopharmacologie associée au Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), et président du Centre national de prévention, d’études et de recherches en toxicomanie, explique les risques liés à la consommation du cannabis, particulièrement chez les jeunes. Dans un article publié en 2011, il donne des arguments contre la dépénalisation du cannabis. De plus, il a écrit le livre Halte au cannabis publié en 2006, qui soulève des questions de dangerosité du cannabis et de son impact sur les consommateurs et notamment chez les jeunes.

Serge Lebigot, président de l’association Parents contre la drogue, s’oppose également de manière ferme à la dépénalisation et à la légalisation du cannabis. Il a écrit le livre Cannabis : ce que les parents doivent savoir, et le dossier noir du cannabis, dans lequel il explique les conséquences de l’usage du cannabis surtout chez les plus jeunes.

A l’opposé nombreux sont ceux qui militent pour une dépénalisation voire une légalisation du cannabis.


Le regard sur ce produit a changé avec Claude Olievenstein, psychiatre, connu pour la mise en place de son centre médical de Marmottan qui accueillait et prenait en charge les toxicomanes. Il considérait le cannabis comme une drogue au même titre que l’alcool, le tabac ou l’abus de médicaments, et s’est donc engagé dans la dépénalisation du cannabis. Par la suite, en 1998, Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Emploi et de la Solidarité, chargé de la Santé au gouvernement de Lionel Jospin, demande un rapport à Bernard Roques sur l’impact de la consommation des drogues sur la santé mentale des consommateurs.


Ainsi, en 1999, Bernard Roques, chercheur en science des biochimie et membre de
l’Académie des sciences, présente un rapport qui établit une classification des drogues selon leur degré de dangerosité. Ses conclusions vont à l’encontre des idées jusqu’alors reçues. Le cannabis, classé en drogue illicite, est jugé anodin alors que l’alcool et le tabac apparaissent comme des produits plus toxiques. « Il peut exister une manière dure de consommer des drogues douces » écrit Bernard Roques.

Bertrand Dautzenberg, médecin et professeur de médecine, est favorable à une légalisation du cannabis en réalisant une meilleure prévention à l’école et sur le lieu de travail. Il est le co-auteur du livre Prévenir et maîtriser les méfaits du cannabis au travail publié en 2009 qui met en lumière les risques liés à la consommation du cannabis et les gestes à adopter.

Le débat s’étend aux intellectuels et Gaspard Koenig,  philosophe et professeur à Sciences Po Paris, affiche une position libérale et milite pour la légalisation du cannabis. Il exprime largement ses idées sur Think Tank, groupe de réflexion qu’il préside et qui produit des études, et élabore des propositions dans des domaines de politiques publiques et de l’économie.

Pierre Kopp, professeur des universités en sciences économiques à Paris Sorbonne Université, argumente avec différents scénarios, une légalisation complète du marché du cannabis. En effet, au-delà du bien-être collectif qu’entrainerait la légalisation du marché du cannabis, la création de recettes fiscales permettrait le financement d’une véritable politique sanitaire de prévention. De plus, les budgets alloués actuellement à la lutte contre les trafiquants et pour la répression pourraient être utilisés à d’autres fins.

Par ailleurs, en France, dans certaines villes, le grand public, exaspéré par la délinquance et la criminalité liées aux trafics de drogues, réclame la dépénalisation voire la légalisation du cannabis. A Villeurbanne, des résidents se sont prononcés majoritairement pour sa légalisation lors d’une consultation citoyenne organisée par le maire PS, Jean-Paul Bret. Un livre blanc qui synthétise deux mois de débat a été versé au grand débat national voulu par Emmanuel Macron, président de la République Française. 

De plus, une consultation citoyenne a été lancée de janvier à février sur l’usage du cannabis « récréatif », afin de connaître l’opinion publique et de pouvoir réfléchir à une éventuelle réforme de la loi actuelle. Les résultats vont bientôt être officiellement publiés. Cependant, une large majorité de citoyens se serait prononcé en faveur d’une dépénalisation. 

Enfin, nous avons également recueilli des témoignages au travers d’un sondage que nous avons réalisé. On dénombre que plus de la moitié des personnes interrogées souhaitent une dépénalisation et/ou légalisation (cf. page 22).

Voici un tableau récapitulatif des acteurs, regroupant leurs noms, leurs professions, leurs positions, leurs rôles et leurs poids dans la controverse :

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